Qu’est-ce qui apporte sécurité et réconfort au plus « pas de filtre » des influenceurs (point d’interrogation)? Une ou deux toasts au Cheddar d’ici ou au creton juste avant d’aller se coucher. Le tiktokeur nous parle de sous-marin, de fromage en cube et de spéciaux de la semaine.

Dans les grilled cheese d’Antoine Bouchard-Côtes, il n’y a que du fromage orange. « Ça prend une tranche pas trop épaisse et, idéalement, du pain brun beurré à l’extérieur », précise l’influenceur aux goûts décomplexés. Comme la moitié du Québec, ce natif de Joliette a téléchargé TikTok en pleine pandémie. Après avoir créé un compte pour son chien Albert, il s’est décidé à documenter son quotidien : de ses « dîners cheapette » (sandwich à la moutarde baseball et au simili-poulet) à la dégustation de Babybel (nez de clown à l’appui), le tout accompagné de ses délirants commentaires qui évoquent vaguement un annonceur d’infopub.

Son moment de gloire? Lorsqu’il s’est filmé en train de manger un sous-marin de 12 pouces au « poulet grillé sur pain italien, fromage, all dressed, pas d’oignon, pas de piments forts ». Ces quelques bouchées ont garni son compte de quelque 40 000 abonnés en extra (il en a maintenant plus de 200 000). « Je fais rien de spécial là! Je mange juste un sous-marin », s’exclame celui qui, dans la vraie vie, travaille comme designer sonore pour une compagnie de jeux vidéo.

Un vrai trip de bouffe

Il faut dire que les vidéos d’Antoine sont aussi addictives qu’un sac de chips (ou de fromage en grains). Le secret de son succès? Son côté vrai, nature, sans filtre. « Des photos de bouffe parfaites sur Instagram, je suis pas capable », lance celui qui, devant la caméra, se régale de cretons, de macaroni ou de jujubes pour le plus grand bonheur de ses abonnés qui en redemandent. S’il a le malheur de ne rien publier pendant 24 heures (genre la fois qu’il a attrapé la COVID), il est certain de trouver des commentaires dans ses DM. « Beaucoup de gens me disent : c’est l’fun de voir quelqu’un manger de la vraie bouffe. Tsé, une toast au beurre de pinotte, le soir, ou une soupe poulet et nouille, le midi, tout le monde se fait ça. Mais on n’en voit jamais sur les réseaux sociaux. »

L’art de faire simple

On l’aura compris : les plats compliqués, ce n’est vraiment pas le genre d’Antoine. Même chose lorsqu’il est question de fromages. « Même si c’est bon du fromage dans les recettes, j’en mange surtout en petits cubes ou sur des toasts. » L’une de ses spécialités consiste d’ailleurs en une assiette de crudités, de craquelins, de morceaux de fromages et autres ingrédients qui lui tombent sous la main, ce qu’il a baptisé « un pique-assiette ». « Ma mère faisait ça le midi pour passer les restants », raconte ce grand nostalgique (selon lui, la première édition des Sims, c’est encore la meilleure).

Antoine est aussi un pro des spéciaux. Son épicerie, il l’achète presque toujours en ligne, ce qui lui permet de résister à la tentation en affichant uniquement les produits à prix réduit. Selon les aubaines de la semaine, il remplit son panier d’OKA (« Il est bon même s’il sent! »), de Suisse Rightrou! de la Fromagerie La Chaudière (« Il est vraiment bon! »), de fromage en grains Riviera (« Quand j’allais magasiner avec ma mère, on en prenait toujours un sac ») ou de Cheddar d’ici (« Le cheddar, c’est vraiment ma priorité dans la vie »). Et puisqu’Antoine est de type pas compliqué, il y a de bonnes chances qu’il s’en coupe un morceau à peine sorti du sac, à même l’emballage, comme on le fait nous aussi!